Responsabilités dans la rédaction du Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP)
1 500 euros. C’est le montant précis que risque une entreprise pour chaque manquement repéré dans la mise à jour de son Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP). Depuis la loi du 2 août 2021, impossible de faire l’impasse : conservation et accès au document font désormais partie du quotidien des dirigeants, qui voient leurs responsabilités s’alourdir d’année en année.
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Obligations légales : ce que la loi impose autour du DUERP
Établir le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels ne relève jamais d’un simple exercice administratif. Le Code du travail exige de chaque employeur qu’il recense, pour chaque unité de travail, les dangers susceptibles d’atteindre la santé physique ou mentale des salariés. Le décret n°2001-1016 du 5 novembre 2001 marque le point de départ de cette exigence renforcée, consolidée ensuite par la loi santé au travail n°2021-1018 du 2 août 2021 et le décret n°2022-395 du 18 mars 2022.
Un oubli, un défaut d’évaluation, et la sanction tombe : amende de 1 500 euros, et en cas de récidive ou d’accident, la justice peut alourdir la note jusqu’à la prison. Ce n’est pas une question de détail : chaque risque, une fois identifié, doit être inventorié, classé, documenté, sans approximation possible.
Le DUERP ne s’arrête pas à l’inventaire. Il devient le pivot de la politique de prévention des risques professionnels. Dès que l’effectif dépasse 50 salariés, il faut y joindre un programme annuel de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail (PAPRIPACT) : au menu, les actions à engager, les ressources attribuées et le calendrier à respecter. Tout est consigné noir sur blanc.
L’accessibilité du document unique ne se discute pas. Le texte doit être disponible pour les salariés, leurs représentants et l’inspection du travail. Désormais, l’entreprise doit le conserver quarante ans. Autant dire que le DUERP s’ancre dans la mémoire collective de la structure. Ce socle réglementaire façonne, au quotidien, la politique de santé et sécurité au travail, bien au-delà du simple respect des règles.
Qui prend en charge la rédaction du document unique d’évaluation des risques professionnels ?
La responsabilité du DUERP repose sans détour sur l’employeur. La loi ne prévoit aucune échappatoire. Rédiger ce document unique, ce n’est pas remplir une formalité parmi d’autres ou déléguer à l’envi. Que l’on dirige une PME ou une usine de plusieurs centaines de salariés, le chef d’entreprise se tient en première ligne pour garantir la qualité de l’évaluation des risques professionnels.
Sur le terrain, pourtant, ce travail ne se mène pas en solitaire. La rédaction du document unique s’enrichit des échanges avec les salariés, qui connaissent les réalités concrètes de chaque poste. Quand le comité social et économique (CSE) est en place, il doit être consulté. La CSSCT (commission santé, sécurité et conditions de travail) apporte sa lecture experte sur les situations à risque.
La consultation du médecin du travail ajoute la dimension santé, souvent oubliée. Un responsable QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement) ou un organisme extérieur spécialisé peuvent aussi prêter main forte, surtout dans les secteurs les plus exposés. Mais, à la fin, la responsabilité juridique et la signature restent toujours du côté de l’employeur.
Voici les principaux acteurs intervenant dans la rédaction et la validation du DUERP, chacun avec un rôle précis :
- Employeur : responsable légal, il engage sa responsabilité pour la conformité du DUERP
- Salariés : participent à l’identification des risques grâce à leur connaissance du terrain
- CSE / CSSCT : doivent obligatoirement être consultés dans les entreprises concernées
- Médecin du travail : apporte son expertise sur la santé au travail
- Responsable QHSE ou consultant externe : intervient en appui technique mais sans pouvoir transférer la responsabilité finale
En matière de Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels, la répartition des rôles ne laisse place à aucune ambiguïté : la coordination s’organise, la documentation s’enrichit, mais la responsabilité incombe toujours à l’employeur, du premier au dernier mot.
Accompagner efficacement les entreprises dans la mise en place du DUERP
La démarche de prévention demande méthode et rigueur. Les entreprises, face à la densité des textes et à la complexité de l’analyse des risques, se tournent souvent vers des solutions d’accompagnement DUERP. Les actions de formation en santé et sécurité au travail, proposées par des organismes spécialisés, deviennent un atout pour structurer la démarche et instaurer des réflexes communs autour du document unique.
L’appui d’un logiciel OiRA ou d’autres applications informatiques facilite la collecte et la mise à jour régulière des informations. Ces outils aident à suivre le plan d’action, à gérer les annexes telles que le bilan social, les rapports du médecin du travail ou les registres de sécurité. Ils intègrent aussi les indicateurs sociaux et les comptes rendus de vérifications, assurant une cohérence dans l’ensemble du processus.
La prévention des risques professionnels s’appuie également sur l’analyse détaillée des risques psychosociaux et l’intégration des retours d’expérience issus de chaque unité de travail. Les professionnels du DUERP croisent les données d’accidents du travail, les observations collectées sur le terrain et les résultats d’audits internes pour affiner les axes d’action.
Rester dans le cadre légal, en particulier concernant la CNIL pour la gestion des données personnelles, vient compléter la démarche. Pour beaucoup d’entreprises, l’accompagnement ne relève plus d’un choix, mais d’un levier concret pour allier efficacité et conformité, quelle que soit leur taille.
À l’heure où la prévention irrigue chaque strate de l’entreprise, le DUERP ne se limite plus à une contrainte réglementaire : il devient la boussole de la vigilance collective et un marqueur de la responsabilité managériale. Rester passif, c’est désormais s’exposer. Agir, c’est écrire la sécurité du quotidien, à hauteur d’homme et de terrain.
