Lutte contre la faim : le rôle de l’organe de l’ONU dédié
735 millions. C’est le nombre de personnes qui ont souffert de la faim en 2022, selon les Nations Unies. Ce chiffre, brut, sec, ne laisse guère de place à l’optimisme. Malgré des promesses mondiales répétées et des ressources mobilisées à grande échelle, la situation, loin de s’améliorer, s’est dégradée depuis 2015.
Certains territoires avancent, d’autres reculent, happés par les conflits, la crise climatique ou les turbulences économiques. Au centre du jeu, un organe spécialisé des Nations Unies s’efforce d’apporter méthode et cohérence : il coordonne, recommande, évalue. Un acteur discret, mais décisif dans la bataille mondiale contre la faim.
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Pourquoi la faim persiste-t-elle dans le monde malgré les progrès ?
Malgré des années d’efforts, la faim ne faiblit pas. Les grandes réunions, les déclarations, les aides financières massives n’ont pas suffi à inverser la courbe. Les causes se superposent, s’entrecroisent. Insécurité alimentaire, malnutrition, accès inégal à la nourriture : la situation reste énigmatique, aucune réponse toute faite ne s’impose.
Les conflits armés déstabilisent des régions entières. Là où les armes parlent, les moissons se perdent, les marchés ferment, la logistique s’effondre. À cela s’ajoutent les changements climatiques : sécheresses inédites, inondations à répétition, infestations. Les campagnes perdent pied, des familles migrent, la précarité s’enracine.
Dans bien des zones, l’accroissement de la population complique encore l’accès à une alimentation suffisante. Les pratiques agricoles traditionnelles sont dépassées par la demande, et les nouvelles politiques de développement se heurtent trop souvent à la réalité du terrain.
Trois obstacles majeurs freinent toutes les tentatives de faire reculer la faim :
- Des systèmes alimentaires mondiaux mis à mal par la volatilité des prix et la spéculation.
- Un développement inégal, avec des zones rurales longtemps négligées par les investissements publics.
- La malnutrition qui persiste, même lorsque le niveau de vie progresse, par manque de politique nutritionnelle adaptée.
Le problème ne se résume donc pas à une pénurie ou à un manque d’innovation technologique. À l’échelle mondiale, c’est un empilement de crises, de dysfonctionnements et d’inerties institutionnelles qui alimente la spirale de l’insécurité alimentaire.
L’organe de l’ONU dédié à la sécurité alimentaire : missions, actions et défis actuels
La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) agit comme le centre de gravité de la lutte contre la faim. Depuis bientôt huit décennies, près de 200 États membres y partagent le même objectif : réduire la malnutrition et renforcer la sécurité alimentaire partout. Cela se traduit par la collecte de données, l’analyse, le conseil technique et le soutien à la mise en place de politiques alimentaires nationales solides.
En appui, le Programme alimentaire mondial agit comme le bras armé de l’urgence. Quand survient une guerre, une catastrophe naturelle, ou un exil de populations, le PAM intervient rapidement en distribuant des vivres, dans une coordination fine avec gouvernements, ONG et acteurs privés. En 2023, son action a soutenu plus de 158 millions de personnes.
Mais orchestrer tout cela relève du défi quotidien. Avancer dans l’incertitude d’États fragiles, affronter la volatilité des marchés agricoles tout en maintenant le lien entre l’aide d’urgence et le long terme : la complexité est permanente. Les négociations au sein des grandes instances montrent bien que la faim ne relève pas seulement de l’aide humanitaire. C’est aussi une histoire de rapports de force et de volontés politiques. Le droit à une alimentation adéquate progresse sur le papier, mais pour que cela devienne une réalité, il faut bien plus que de bonnes intentions. Chaque acteur, États, secteur privé, société civile, doit prendre part à la construction de solutions crédibles.
La France, elle, défend une approche globale du problème. Il s’agit d’intervenir immédiatement tout en développant l’agriculture locale à long terme. Sortir d’une logique d’assistance, pour donner aux populations les moyens de leur autonomie alimentaire, voilà la perspective recherchée.
Objectifs de développement durable : quelle place pour l’alimentation et la santé dans l’agenda mondial ?
Quand les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU ont été adoptés en 2015, la sécurité alimentaire et la santé sont devenues des piliers des politiques mondiales. L’objectif numéro 2, “Faim zéro”, a fixé 2030 pour éliminer la sous-alimentation. Pourtant, année après année, la FAO comme l’OMS mettent en garde : reculs, aléas, et ces chiffres repartent parfois à la hausse.
L’agriculture occupe désormais le devant de la scène. Innovations, développement de pratiques agricoles durables, protection des écosystèmes : voilà ce qui conditionne la transition attendue. Les politiques publiques ont la tâche d’accompagner ce virage, vers des systèmes alimentaires plus soutenables et ouverts. Sur la scène internationale, la France s’investit pour promouvoir alliances, formations et investissements mieux ciblés.
Voici les grands axes qui guident l’action autour des ODD :
- Faire reculer la faim et la sous-nutrition
- Favoriser une transformation agricole tournée vers la durabilité
- Garantir à tous l’accès à une alimentation saine
La Charte des Nations Unies porte l’ambition d’un monde affranchi de la faim. Mais transformer cette promesse en réalité exige, partout, une implication continue. Gouvernements, entreprises, citoyens : personne ne peut s’exonérer du défi. Il s’agit de ne pas laisser la question alimentaire sombrer dans l’indifférence, face à des bilans humains qui, chaque année, rappellent leur urgence.
